Cuisinier du Nord, Florent Ladeyn a grandi au milieu de la nature, et elle le lui rend bien. Autodidacte ayant voulu pérenniser l’Auberge familiale du Vert Mont à Boeschepe, il prend la suite de ses parents et décroche une étoile en 2014. Il compte aujourd’hui un deuxième restaurant à Lille, le Bloempot – cantine flamande – et bientôt un troisième, où la bière aura la place qu’elle mérite. Sa cuisine rock et terroir fait la part belle aux produits locaux, de saison, ses vins sont natures, et son engagement pour le durable donne à ses assiettes du goût, et du sens.
Le RECHO : Florent, entre vos débuts de cuisinier et maintenant, vous le voyez différemment le métier ?
Florent Ladeyn : « Je ne le vois pas de la même façon. Disons qu’aujourd’hui, je lui donne plus de sens. Et je le vois comme un moyen d’agir : chaque acte de consommation a le même pouvoir. Gueuler sur ce qui ne va pas, ça ne fait pas avancer. Pour aider, il faut agir ! Dans le choix qu’on fait dans notre façon de travailler, on peut agir. L’action politique, elle est dans l’acte ! Aujourd’hui, ma façon de voir le métier a évolué. J’essaie de mettre l’humain au cœur de tout.
Le RECHO : Comment avez-vous connu le RECHO ?
F.L. : Quand le RECHO est venu à Grande-Synthe, les filles de l’asso sont venues me voir. Evidemment j’ai trouvé ça incroyablement bien, et j’ai aidé comme je pouvais. Et il n’y a pas de petite façon d’aider. Et puis j’ai fait des rencontres, dont un boulanger syrien, qui est même venu travailler chez moi.
Le RECHO : Après Grande-Synthe, vous revenez participer au Grand RECHO. Qu’est-ce que vous pensez de cette idée de donner aux migrants l’occasion de prendre la main avec les chefs en cuisine ?
F.L. : Ce renversement des rôles, c’est vachement bien… C’est beau d’avoir une initiative pareille. La cuisine, c’est un vrai levier pour faire bouger les lignes. On est tous concernés. Chez moi dans les Flandres, culturellement, on a toujours été à un carrefour, on a vécu des vagues d’immigration successives, des conflits… Dans ma famille, mes grands-parents portent encore les stigmates de la guerre. Quand on a autant de peuples qui sont passés par chez nous, on est obligés d’avoir de la mémoire. Je suis heureux de venir au Grand RECHO. »
Propos recueillis par Valérie Gentil